Il est des "spectacles" réjouissants ou le plaisir de la vue s'associe avec la lecture complexe que nous pouvons en tirer. The Ozymandias Parade (1985) de Edward Kienholz (sculpteur américain, 1927-1994) en fait partie.
Chez Pace gallery ( 25th Street à Chelsea, new York), nous pouvons nous confronter à une sculpture monumentale d'environ 10x6x3.5 m. Cette sculpture est tout d'abord surprenante par le nombre d'objets qu'elle recèle (plusieurs centaines), puis, parce qu'elle utilise la lumière, le son et l'air. La lumière provient des lampes habituellement utilisées dans les manèges de fêtes foraines ; le son par un petit haut-parleur crachant un air de parade typiquement américain et l'air, par un ventilateur donnant du volume à un drapeau américain.
L'oeuvre est totale en ce sens qu'elle s'inscrit, par ces médiums multiples, dans tous les espaces. Ce n'est pourtant pas cela qui peut encore nous intéresser. L'oeuvre est une vanité sarcastique sur le pouvoir politique, c'est certes intéressant, mais ce qui me touche au delà de ses références contemporaines sont les références historiques peut-être fortuites avec James ensor ("L'entrée du Christ à Bruxelles", 1888) et Francisco de Goya ("Les vieilles" ou "Le temps", 1808-1812), comme si l'artiste Pop américain avait laissé un temps, la culture américaine depuis les années soixante pour s'inscrire dans une temporalité universelle. Dés lors, l'oeuvre devient riche et nous en oublions les objets anecdotiques qui la composent, tels que les nombreux jouets guerriers.
Sugawara Gen, Dans la ville éblouissante. 11 décembre 2012.
Kienholz Ed, The Ozymandias Parade, technique mixte, 1985.
Francisco De Goya, Les vieilles ou Le temps, huile sur toile, 1808-1812, Palais des beaux arts de Lille.
James Ensor, L'entrée du Christ à Bruxelles, huile sur toile, 1888.