La foison d’expositions automnales me laisse pantois. Le supermarket culturel déverse à nouveau un flux continu d’oeuvres. Sugawara à envie de crier que c'en est trop !
Nous serons bientôt tous atteint du syndrome de Stendhal, nous déambulerons tous, nus, chantant des mélopées incompréhensibles, sautillant tels des aliénés enfermés dans leur gangue imaginaire au milieu des allées où les cimaises nous épreignent.
Plus sérieusement, pourquoi tant d’expositions ? J’aspire au silence et à la solitude pas vous ? Non ? Il n’y a vraiment pas moyen de créer en dehors de tout. Ce marché, car il faut bien l’appeler ainsi me rappelle la profusion des objets à date d’obsolescence programmée que nous pouvons acquérir. Aussitôt le désir compulsif d’achat assouvi, l’objet se dérobe et nous laisse en plan. Comme ces expositions savantes qui une fois consommées dans la foule (dont la majeure partie des individus qui la compose n’aurait jamais porté le regard sur une œuvre sans la société du spectaculaire) sont oubliées sans un véritable travail… Je préfère le déplacement solitaire pour voir une œuvre, une seule. Qu’est-il besoin de cette boulimie citadine : tout voir, tout éprouver, tout faire pour ne pas se sentir en dehors de ce qui se produit. Je vous invite à l’orée d’une forêt de chênes et de pins où la faune, la vraie, se fout bien de ces turbulences et où chaque création compte. Je n’aime pas ces grandes messes culturelles. Dans cette m(n)asse, je souhaite toutefois en retenir une : « Fables du paysage flamand ». Outre la profondeur véritable de chaque œuvre, la notion d’espace-monde comble l’amateur que je suis, d’ici à l’infini.
Sugawara Gen, une aiguille de pin dans la bouche. Octobre 2012.