Pieter Bruegel, Les chasseurs dans la neige, 117x162 cm, huile sur panneau, 1565, musée d'histoire de l'art, Vienne, Autriche.
Quelques lignes à défaut d'une nouvelle confrontation et avant le texte "Asphyxiante culture / Nouvelle barbarie".
Fort de tous mes voyages mobiles et immobiles, il me semble que l'art véritable, que nous pourrions nommer "grand art" (il y aura des détracteurs), c'est à dire un art permettant de délimiter les contours d'une civilisation, est celui qui ouvre sur un espace sans fin et fait le pari du Monde. Il n'y a rien de plus désolant à regarder une oeuvre n'ayant qu'une surface à laquelle nous confronter. Nous essayons de plonger dans ce qu'elle pourrait avoir de sens caché, de sens profond et notre esprit s'écrase contre un mur de platitude maquillé d'esthétique. La célèbre phrase de Warhol :" Ne cherchez pas derrière, il n'y a rien", peut-être compréhensible à un moment de l'histoire de l'art en rapport avec une société où règne le dogme de la profusion et où le contentement de chacun s'opère dans la possession, non dans la réflexion (..), [Ce qui se déroule actuellement ne m'échappe pas davantage et exhale un parfum similaire.] mais ne peut s'ériger en système contemporain de production d'une oeuvre.
Il est vrai que souvent, la frontière entre une production artistique d'esthétique décorative que je ne qualifierai pas ici de lénifiante et la création d'une oeuvre d'art peut s'avérer ténue, lorsque un bel habillage de com au fin design présente l'une et l'autre sur un pied d'égalité [je vous invite pour cela à feuilleter très rapidement le dernier Art Actuel, sur lequel est inscrit Fiac en gros] ; alors dans ces cas nombreux, j'ouvre quelques ouvrages, notamment un, sur Bruegel et avec une contemplation non béate ou nostalgique, j'étudie l'oeuvre ci-dessus, comme je prendrais un remède pour amoindrir un mal. Je finis par me dire: oui, l'artiste à cette obligation de penser de zéro à l'infini et non l'infinité du zéro. Que chacun et en premier lieu ceux qui se proclament artistes l'écrivent dans leur bréviaire artistique.
Gen Sugawara, le jour des morts 2011.