Sugawara n'est pas Robespierre, c'est ce jour à déplorer, mais il ose penser qu'une ou deux charettes permettraient à l'art de respirer ; aux artistes de bien vivre et de créer sans le mépris des marquis de l'art ; au pays enfin, de se remettre de l'afadissement dans lequel nous ont conduit les pseudos-détenteurs-de-la-vérité.
Amis artistes ayant de la droiture morale, gare aux obédiences mafieuses de la critique magazine ; des marchands estomaqués par le nom et le prix plutôt que par la qualité de l'oeuvre ; des commissaires de petite culture mais de grandes espérances ; des artistes officiels engloutissant la plupart des ressources étatiques ; des Fric-Frac aux ordres des concepts verbeux du moment ; des directeurs de musée dont l'esprit d'aventure n'a d'égal que le poli du rond-de-cuir sur lequel ils posent leur cul.
Osez créer sans le souci de personne, surtout sans le souci de ceux qui ont le pouvoir. Ne vous laissez pas dicter ce qui est bon ou ne l'est pas. C'est vous qui les faites vivre !
Bientôt la génération 70 (des nouveaux philosophes, nouveaux romans, nouvelles galeries, nouvelles revues) poussera son dernier souffle et le vaste champ de la liberté de vivre de sa création sera ouvert. Je vois déjà ces cacochymes à la sortie de leur sieste méridienne pleurer sur la disparition de leur nom des domaines de la création et je me dis que leur endogamie culturelle n'était qu'un cauchemar. Espérons que leurs rejetons plus ou moins tardifs gagneront en ouverture d'esprit en tuant le père.
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Je recommande un contre poison : "Artistes sans art ?" (2005, 10/18, isbn 2264042273) de l'écrivain Jean-Philippe Domecq, un homme dont la droiture intellectuelle ne lui a pas valu que des amis.
A vous de décider.
Sugawara Gen, En verve de bourre-pif. Janvier 2013.