Rare sont les fois où le méta-thème de l'espace monde est abordé en peinture.
Dans ce blog, j'ai il y a longtemps écrit un texte sur la même œuvre de Bruegel.
Quelle ne fut pas ma surprise quand j'ai redécouvert l'artiste russe Alexandre Deïneka (1899-1969) et l’œuvre ci-dessus : Dans l'immensité de la banlieue de chantier de construction, 250x300 cm, huile sur toile, 1949.
Le traitement spatial et philosophique est identique à celui de Bruegel, qui ne conçoit pas un espace anecdotique par une scène au premier plan et un décors derrière. Bruegel nous amène à concevoir un monde sans limite, où la perception du spectateur sera guidée par la minutie du peintre, mais au-delà par le message induit : il faut tout appréhender, ne pas s'en remettre aux limites. Il n'y a pas de limite sinon celle que chacun se fixe. j'aime entrer en l’œuvre de Bruegel parce qu'il y a un vaste monde repoussant l'horizon.
Nous découvrons le même espace chez Deïneka, peintre du Réalisme socialiste par excellence, qui couvrira des sujets variés tels que le sport, le travail, les loisirs. ici il s'agit d'un chantier de construction d'une ville, d'une zone industrielle où les forces de la nation sont au travail pour la pérennité de l'état. Du premier plan jusqu'à l'horizon, nous y découvrons la vie rythmée par l'industrie et le travail des ouvriers. Hormis le message politique de propagande et la facture picturale moins précise que chez Bruegel. Le même rapport à l'espace monde y est soulevé : un monde soviétique qui se défini de zéro à l'infini de l'horizon repoussé.
12.12.2019
christophe Avella Bagur