Force est de constater, quand il y a à manger dans un vernissage de province, il y a foule.En première position des vernissages, le troisième âge en force érige un mur de sacs simili cuir devant le buffet où se pressent cochonnailles, légumes coupés fins et vins du crus. En deuxième position, le quart monde de nos pays riches emplit assiettes sur assiettes et les vides dans les minutes qui suivent sans presque se soucier des mélanges incongrus ; il faut tenir coûte que coûte. Puis, arrive la cohorte des pseudos : pseudos artistes dont seule la tenue genre Cézanne dans sa période couillarde est véritable ; pseudos dir. artistiques avec catogan ou cheveux en bataille, dont la tenue se porte un rien négligée pour exprimer-son-dédain-à-l'encontre-de-la-bourgeoisie-guindée-et-dire-que-l'art-est-un-cri. Enfin quelques collectionneurs discernables pour les moins bons, indétectables pour les meilleurs. A la périphérie de ce méli mélo où l'art n'est qu'un prétexte, l'artiste véritable, silencieux, se demande quand finira la mascarade pour aller manger un repas exaltant l'art éphémère des cuisiniers ou retourner dans l'atelier pour poursuivre l'oeuvre en cours.
Peu de lieux sont honnêtes, peu d'oeuvres sont profondes.
Bakefu, 06052016